

*** Flashback *** Benjamin nous raconte son EmbrunMan 2018 !
Après avoir entendu tellement de récits des potes du club, j’en avais des étoiles plein les yeux à les écouter, je me disais que moi aussi je pouvais le faire. Faire l’EmbrunMan, le Mythe comme ils l’annoncent.
Me voilà enfin sur cette course mythique et tellement difficile, je suis encore avec mon acolyte Ronan Fabbri, nous, anciens rugbymen et maintenant Triathlètes. L’ironman de Nice en 2015 nous a donné tellement d’émotions que nous en voulions plus. Alors nous voilà! La veille, nous déposons nos vélos dans le parc, le vélo de Gaël est déjà là, on voit qu’il est pas venu pour faire de la figuration.
Une fois le vélo déposé et avoir récupéré notre caisse et gourdes, nous rentrons au gîte pour préparer nos affaires. Après avoir fait, refait et rerefait mon sac, j’essaye de manger un morceau avec Ronan avant d’aller me coucher, oui me coucher car dormir ne serait pas le terme exacte.
Réveil à 3h le téléphone n’aura pas le temps de sonner car il était déjà dans ma main, un morceau de gâteau sport, habillage et réveil en douceur de mon ironwife qui s’occupe de nous déposer au départ. 4h30 nous voilà dans le parc à vélo, Gaël est déjà sur sa chaise à attendre le dernier moment pour mettre sa combinaison. 5h45 on prend la route du départ, les femmes partent, on retrouve mon ironwife proche de l’arche de départ pour une dernière photo avant de partir, dernière accolade avec Ronan et on se donne rendezvous sur la ligne d’arrivée.
6h coup de pétard, c’est le départ comme je les aime, groupé on se bouscule, on doit faire sa place dans la nuit noir, c’est impressionnant. J’ai du mal à placer ma nage mais j’arrive à trouver un petit groupe qui nage presque en ligne droite. Je sors de l’eau en 1h11 petit coucou à ma photographe personnel et direction mon emplacement pour mettre ma tenue vélo et attaquer le gros morceau de cette journée. Les premiers km sont plutôt raides et il faut partir cool comme me l’avait conseillé Gaël, je monte tranquillement mais sûrement.
On retrouve enfin une partie plate et voilà déjà un accident, les arbitres nous décalent sur la voie à sens inverse, j’aperçois le gars qui a chuté assis avec des pompiers autour de lui, je me dis qu’il va bien si il est assis et là, étonnement, le gars porte une tenue que je connais bien, c’est Gaël, je suis dégoûté pour lui car je sais que c’était un objectif principal de sa saison. Je continue ma course et je suis un peu plus attentif sur les longues descentes, on revient alors sur Embrun, après le pont du lac de Serre-ponçon j’ai un encouragement d’une fille du club que je n’ai pas le temps de reconnaître même si je ne vais pas vite. (Merci!!!). La sortie d’Embrun est comme à la télé au tour de France, c’est un truc de fou, ambiance de malade, on a juste un couloir d’un vélo pour passer.
Le parcours est magnifique, on en prend plein les yeux avant d’arriver au pied du col de l’Izoard, voilà la grosse difficulté qui me fait peur, je monte doucement, il fait chaud, je soufre, je suis déjà tout à gauche, j’aurais peut-être dû changer de cassette… Trop tard, il faut appuyer sur les pédales et avancer, je regarde quand même le paysage qui est à couper le souffle et j’essaye de profiter tant bien que mal. J’arrive en haut du col dans un état de fatigue que je ne pensais pas, la descente est très sinueuse et il faut faire attention, une fois sur des parties plates ou en faux plat montant, j’ai du mal à avancer, je double dans les descentes et je me fais doubler dans les faux plats. J’appréhende la bosse de Pallon de 2km qui se trouve au km 140. Et nous y voilà, c’est une torture, j’ai l’impression d’être à l’arrêt, d’être scotché au bitume. Maintenant la dernière difficulté est le col du Chalvet, toujours ce vent de face qui ne permet pas de récupérer entièrement, j’échange avec des concurrents pour savoir à quel moment ça commence. Voilà cette dernière difficulté du parcours vélo, la famille Bogard est sur le bord de la route pour m’encourager, c’est dur et je suis encore tout à gauche, je reste assis et je monte, je rattrape des gars qui sont debout sur leurs pédales à faire des zig zag sur la route pour essayer de diminuer la pente. Une fois en haut je me dis que c’est fini pour le vélo, il faut redescendre et essayer de récupérer pour attaquer le marathon. Je croise encore ma photographe qui m’encourage malgré ma grimace comme quoi je suis déjà dans le rouge. Je pose le vélo en 9h10 (+1h que prévu) et me change tant bien que mal, sous les encouragements de la famille Routier, c’est génial d’avoir autant d’encouragements. J’attaque le marathon et là je vois Ronan derrière les barrières, il a sûrement été hors délais sur la partie vélo, un coup dur au moral pour moi qui suis déjà pas au top physiquement. Le premier tour est une découverte total et je prends une claque au premier passage de la fameuse bosse, déjà que la course à pied n’est pas mon fort mais là c’est impossible pour moi de courir sur cette partie. J’essaye de courir de temps en temps pour finir ce premier tour. Au deuxième tour, ils sont tous là pour m’encourager de toutes leurs forces, j’essaye de faire bonne figure même si intérieurement je suis plus que dans le rouge, je repense aux messages qu’on m’a envoyé à mon réveil ce matin, je me dis que je ne peux pas décevoir mes amis et ma famille, ils sont sûrement tous derrière le live course à me suivre.
J’attaque le troisième tour avec un soleil qui devient de moins en moins présent, arrêt pour un bisous à mon ironwife qui me suis depuis ce matin, elle me donne le drapeau breton, la nuit va tomber, je vais finir de nuit et sans frontal, j’aurais dû écouter les conseils du frangin. La fin de course est un déplacement de soi, j’ai du mal à avancer, l’envie de vomir est trop présente et je vomis plusieurs fois tout en essayant de marcher et courir. Je vois enfin les lumières du parc à vélo, l’arrivée n’est plus très loin, je trottine du mieux que je peux, je sors mon drapeau breton pour passer cette ligne mythique tellement convoitée, j’entends mes supporters m’encourager, c’est génial!!!! Je suis dans un état de fatigue tellement avancé que chaque mot de mes supporters me donnent une envie de pleurer tellement je suis à fleur de peau. L’arche affiche 16h11 et c’est un moment magique pour moi, les gars avaient raison, c’est une course de fou et magnifique.
Je récupère ma médaille, mon polo, le temps d’une petite photo de loin, j’entre dans le parc pour récupérer mon vélo, je me pose 5′ pour essayer de réaliser mais rien n’y fait, je suis seul entouré par les chaises des Rennais qui n’ont pas fini. Deux gars partent sur civière et je me dis qu’il faut y aller car on m’attend à la sortie pour fêter ça. Un grand merci à mon ironwife Delphine pour ses encouragements, la journée a été longue pour elle aussi. Ronan, on remettra ça un jour pour décrocher cette médaille ensemble.
Gaël, bon rétablissement pour revenir encore plus fort. Merci aussi à la famille Routier et Bogard pour les encouragements sur la course. Spéciale dédicace à Eric Piquet qui a été de très bon conseil.